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DIBIKOUZ!

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3 août 2004

Nuit à Mójacar

Lundi 5 juillet 2004

 

Nuit à Mójacar, Province d'Almería, Espagne 

Mojacar est un charmant petit village blanc, perché sur une colline dans un paysage vallonné et aride. Jusque-là, rien de bien spécial, c'est parce que je n'ai pas encore mentionné que c'était en fait juste derrière un littoral littéralement bousillé par le tourisme, sur tous ces kilomètres de front de mer, tout se ressemble, hôtels, villas, appartements, le tout d'une étonnante architecture pseudo-typique, moi ça me fait plus peur qu'envie, comment je vais retrouver mon p… d'hôtel dans cette jungle bleue et blanche ?

El Parador de Turismo de Mojacar est un hôtel de « grand standing » (comme on dit), ce qui explique qu'il soit majoritairement fréquenté par des clients dont la moyenne d'âge se situe au mieux aux alentours de 55 ans. A seize ans, il est concevable que bouffer avec cinquante paires de couverts en argent pour un seul et même repas, on en a rien à cirer, on se dit surtout qu'est-ce qu'on va avoir le temps de s'emmerder ici, parce que même à la piscine il n'y a que des vieilles qui barbotent en gardant leurs lunettes de soleil Chanel, c'est désespéré.

Il est un peu plus de deux heures du matin et je n'arrive pas à dormir, la chambre donne sur une terrasse et les jardins de l'hôtel, donc je m'habille vite fait et je file en douce alors que les autres dorment comme des bébés. Ouf, je respire, la température est idéale, dans les 28°C. Les jardins sont bien jolis, l'herbe est humide et mes talons s'enfoncent dedans. Par quelques acrobaties je sors de l'enceinte de l'hôtel, je n'ai pas envie de passer par la recepción, on ne sait jamais.

C'est vraiment mort, pour un lieu touristique. Je marche longtemps le long du boulevard qui longe la plage, que de longueurs dans cette phrase. Après m'être faite emmerder par un groupe d'espagnols ivres morts, je décide de descendre sur la plage, ce soir je ne veux voir personne. Le sable est gris, la mer est noire, mes chaussures à la main, je marche, m'approche de l'eau, elle est chaude et j'aimerais me baigner, mais je me contenterai de seulement aller jusqu'aux genoux, déjà mon pantacourt en coton est trempé jusqu'à mi-cuisse, il colle et je shoote dans l'eau sombre en chantant une petite chanson de Lhasa,


I made a small, small song

I made a small, small song

I sang it all night long

All through

The wind and rain

Until the morning came

This song is my small song

This song is my small song

I sang it all night long

And when

The morning came

I had to start all over again

My song is so, so small

My song is so, so small

I could get down and crawl

Searching from

Wall to wall

And never see anything at all

How could hate such a small song?

How could you hate such a small song?

If I was right

I would be wrong

Don't be afraid

It's just a small song.


Je laisse les vagues mourir en me léchant les jambes, just singing a small song. Comme la nuit est belle, et que j'entends un orage approcher, je sors de l'eau et m'allonge sur le sable cendre.

 Juste devant, devrait logiquement de trouver les Baléares. Formentera. Non, plutôt l'Afrique. L'Algérie, je pense, le Maroc est plus à l'ouest. Il n'y a pas que lui, d'ailleurs. Je pourrais peut-être même voir tout ça, si la nuit n'était pas si noire, si les nuages n'étaient pas si bas, si la pluie n'était pas si forte et si le sel ne séchait pas sur mes chevilles. Remarque, non, c'est un peu loin. J'adore la pluie, quand elle est si violente, à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'un orage et que des éclairs déchirent le ciel. J'ai le corps trempé, je suis bien, il est presque quatre heures et je roule dans le sable. Mais maintenant que la pluie m'a toute mouillée, quelle différence ça fera si je me laisse rouler ainsi jusqu'à la mer ? Tant pis, j'y suis déjà, c'est fait, j'ai le corps dans le sable et l'eau chaude, les cheveux et les vêtements qui se promènent dans les vagues, les narines pleines de sel, après une instant, je me lève, il va malheureusement falloir rentrer. Dommage, j'aurais bien nagé jusqu'à Tipasa. Tipasa, quoique j'aie lu Tipaza aussi, ,c'est à cause d'Albert Camus. De Noces, je n'ai retenu qu'elle, « pleine des soupirs de la mer ». Le lever de soleil à Tipasa. Un jour, obligé.

Il n'y a plus grand monde dehors à cette heure, heureusement. Et puis de toute façon, je me fiche royalement de ce que ces Espagnols peuvent penser de moi. Dégoulinante, je rentre par la plage, mes chaussures toujours à la main. Je suis heureuse sans raison bien valable, mais je ne sais plus qui a dit quelque chose comme quoi le bonheur n'était pas un état qui dure, mais une impression furtive. Et je suis bien d'accord avec lui.

I made a small, small song, I sang it all night long, all through the wind and rain… Mes vêtements sont toujours aussi trempés, le coton léger colle, c'est étrangement agréable. Voilà l'hôtel, dans sa blancheur auréolée de lumières, beûrk les lumières. Acrobaties au-dessus d'un portail, c'est quand même plus rigolo que de l'ouvrir, il est hors de question de me pointer dans les couloirs dans cet état, alors je rentre par-dehors, une chance que les chambres aient toutes leurs terrasses, chambre 7, si je me rappelle bien. Je baisse les rideaux entre la terrasse et les jardins, j'enlève mes vêtements, les laisse sécher, prends une douche, vais dormir. Les autres n'ont pas bougé, s'ils savaient ce qu'ils ont raté.

And when the mornoing came, I had to start all over again.   

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